Violette


Théâtre, drame, seul en scène

De Christian MORRIS

Avec Christian MORRIS

Mise en scène et scénographie : Christophe TURGIE

PITCH : Le bord d’une route déserte. Le décor est minimaliste, le bord d’une route, un muret recouvert de lierre. On imagine, en coulisse, une voiture arrêtée, une traction avant…

Jeune estafette pendant la première guerre, sportive omnisports de haut niveau dans les années 20, chanteuse et comédienne dans les années 30, « collabo » pendant la deuxième guerre, Violette vient d’être abattue, en 1944, par un groupe de résistants.

Parviendra-t-elle à voir sa vie et son enfance défiler, autrement que rapportées par des voix anonymes et discordantes ?

Vêtue d’un costume masculin, avec pour seuls compagnons, son pistolet et un tambour chamanique, Violette harangue les spectateurs :

« Tant que je n’aurai pas quitté la scène, tant que j’errerai dans ce théâtre, personne ne me fera taire ! »

UNE HISTOIRE VRAIE : Celle de Violette MORRIS, née à Paris, le 18 avril 1893, fille du baron Jacques-Pierre (James) MORRIS, petite-fille du général Louis-Michel MORRIS, conquérant de l’Algérie, qui « enleva » sa « jeune conquête » Zorah Esther BENTKROLA, juive algérienne, « princesse du désert », et en fit son épouse et par voie de conséquence, la grand-mère de Violette. Aux traits rudes d’un patriarcat à son apogée, Violette MORRIS, répondit par un caractère entier et quelques provocations de haute voltige. Familière de COCTEAU, MARAIS ou encore Yvonne de BRAY, elle créa l’une des premières chansons lesbiennes « Gisèle, fleur d’amour. »

« Lorsque tu viens comme un oiseau frileux

Te blottir entre mes bras amoureux

Sur ta lèvre frémissante

Je pose, oh mon amante

Un long baiser pour me griser… »

L’AUTEUR :

Christian MORRIS est l’auteur de ce seul en scène. Arrière-petit cousin de Violette, il est aussi, pour l’occasion, le comédien qui l’incarne. En effet, après avoir été avocat, puis psychanalyste, il préside aujourd’hui aux destinées d’une compagnie de théâtre : La Compagnie de l’œillet Vert.

« J’ai redécouvert Violette en 2004, avec le livre de Raymond RUFFIN « La Hyène de la gestap ». Tout l’acte d’accusation est dans le titre du livre. Non seulement, Violette MORRIS y est présentée comme une collabo, mais aussi et surtout peut-être comme une gestapiste et une tortionnaire.

« À vrai dire, à l’époque, ce point de vue ne m’a pas heurté, puisque j’avais compris depuis longtemps qu’on n’aimait pas beaucoup l’évoquer dans la famille, certains cousins l’ayant même volontairement occultée de la généalogie.

« Le choc est plutôt venu, dans le courant de l’été 2010, lorsque je tombe sur le résumé de la conférence de Marie-Jo BONNET: « Violence symbolique, violence fantasmée, l’exemple de la scandaleuse Violette MORRIS » dans le colloque « Penser la violence des femmes », et je tombe des nues !

« Elle est historienne et féministe, et je lis sous sa plume une version radicalement différente de celle de RUFFIN :

« …Le deuxième temps de la légende noire est la construction de l’image de la tortionnaire nazie, forcément coupable du fait qu’elle s’habille en homme et s’est fait couper les seins.

« Une recherche minutieuse dans les archives des services secrets de la France libre, de la police, des procès en cour de justice de la Libération ne m’a pas permis d’établir sa culpabilité. »

« Lorsque j’ai fait la connaissance de Marie-Jo BONNET, je lui ai fait part de ma surprise de constater une telle différence de points de vue entre Raymond RUFFIN et elle-même, et je me souviens de sa réponse : « Mais Christian, l’histoire de Violette a été écrite par les hommes ! »

« Ainsi, lorsqu’une fois terminé, j’ai relu le texte de mon seul en scène, je me suis aperçu que j’avais, certes, écrit sur Violette, mais que j’avais, surtout, écrit sur l’humain, éternellement divisé en lui-même, dans un monde où la vie des morts est racontée par les vivants. »

« Ce ne sont pas les vivants qui sont hantés par les morts. Ce sont les morts qui sont possédés par les vivants. Les vivants parlent pour les morts, à la place des morts ! »

NOTE D’INTENTION :

J’ai écrit ce seul en scène à partir de faits réels. Mais qu’est-ce qu’un fait réel, sinon un aperçu ? Un aperçu par d’autres qui, s’ils le désirent, le décrivent, le commentent, lui donnent une couleur, au filtre de leur histoire, de leurs émotions. Et le fait réel s’échappe, nous échappe. Plus on essaie de l’attraper, et plus il se carapate ! il disparait, puis nous revient, mais il n’est plus le même, souvent très différent.

Violette est née, elle a vécu, elle est morte. Ce sont des faits réels. Je le sais, nous appartenons à la même famille. Enfin, pas à la même branche familiale. Je ne dis pas cela pour me défendre d’elle, mais bien plutôt parce que ce sont des faits, des faits têtus, des faits réels ! Enfin, je crois.

Et elle, Violette, que sait-elle de cette histoire, de son histoire ? A défaut d’être suffragette, peut-elle encore être sujette ? Ou est-elle définitivement condamnée par la mort, par sa mort, sa mort donnée par d’autres, à n’être que l’objet de ces voix discordantes, qui parlent par sa bouche.

« Et ces voix, elles parlent de moi, et je reste bouche bée, ma bouche béante, d’où sortent des paroles qui ne m’appartiennent plus. Mais alors, cela voudrait dire que je suis…morte ! »

Ai-je choisi moi-même de prendre la parole, ou la plume, pour parler d’elle et de son histoire, ou ce processus de création est-il chamanique, comme ce tambour qui bat entre ses mains immobiles pour rompre le silence ?

Des phrases reviennent comme autant de leitmotivs :

  • Parce que c’est comme ça que ça doit se passer, non ?
  • Le regard de l’autre, c’est l’histoire de l’autre.
  • Ce ne sont pas les vivants qui sont hantés par les morts ; ce sont les morts qui sont possédés par les vivants. Les vivants parlent pour les morts, à la place des morts !

Violette, cette histoire de Violette, la mienne, celle que je crois la mienne, inspirée par des faits réels, et gonflée d’imagination, n’est-elle pas l’histoire de l’humain, éternellement divisé en lui-même, coupable de naître, de n’être. N’est-elle pas l’histoire de la littérature ? De cette littérature que nous essayons, en vain, de nous approprier, alors que c’est peut-être elle qui, en nous inspirant, nous possède !

Christian MORRIS.

REMERCIEMENTS

  • À Marie-Jo BONNET, historienne, auteure de « Violette MORRIS, histoire d’une scandaleuse » Ed. PERRIN, dans lequel elle me remerciait elle-même en ces termes : « Christian MORRIS, dont les recherches généalogiques sur sa famille ont étayé la problématique du « fils de remplacement. »
  • À Anne-Cécile GENRE, journaliste, qui m’a invité à m’exprimer dans le documentaire dont elle est l’auteure : « Violette MORRIS, sans contrefaçon. »
  • À Danielle, mon épouse, et Dorian, notre fils, qui m’ont soutenu lorsque j’hésitais à entrer dans cette « galère ».

Autres pièces de théâtre écrites par Christian MORRIS

  • « Sigmund FREUD et le fantôme d’Oscar WILDE » avec Danielle MORRIS, Ed. L’HARMATTAN Théâtres.
  • « L’Œdipe pour tous », Ed. L’HARMATTAN Théâtres.
  • « Ma belle-mère est une sorcière. »
  • « Aloïs », avec Dorian MORRIS.
  • « Biscotte », avec Danielle et Dorian MORRIS.
  • « Le chien qui murmurait à l’oreille des carpes ».

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